Colloque international Haïti 2013 – Axes d’étude

1. Mouvance, tendance et/ou sensibilité

Cet axe tend à présenter le cheminement de la poésie des espaces ciblés et ses auteurs d’un point de vue historique. Il s’agit d’attirer l’attention sur les démarches de groupe et d’isolement, les conséquences de l’exil ou des départs sur les écrits de nombreux auteurs, les effets de ruptures et / ou de continuité, les rencontres (entre poètes haïtiens, français, cubains, canadiens, martiniquais, etc.), la nécessité ou non de l’ancrage dans le réel et l’imaginaire national ou de l’exploration d’autres lieux, d’autres perspectives. Dans le cas d’Haïti, on pourra mettre en avant le passage de témoin d’une génération ancienne (René Depestre, Frankétienne, Anthony Phelps, Georges Castera, etc.) à une génération intermédiaire (Marc Exavier, Rodney Saint-Eloi, Joubert Satyre, Kettly Mars, etc.), puis aux nouveaux souffles de cette poésie (Emmelie Prophète, Bonel Auguste, Mackenzy Orcel, James Noël, etc.) tout en insistant sur les rapports que ces générations entretiennent entre elles.

2. Poésie, esthétique, idéologie et politique

Cet axe, faisant suite au premier, permet d’interroger les écritures et les actes créateurs, traversés par des courants de pensée (indigénisme, négritude, marxisme, surréalisme, spiralisme, etc.) auxquels s’attachent parfois auteurs haïtiens et caribéens. Il s’agit d’aborder les questions de forme et de structure des oeuvres ou des compositions, en interaction à la formation sociale et politique ou non. La préoccupation, chez certains poètes, du champ visuel du poème, de sa mise en scène sur la page blanche et de sa musique pure, hors toute pensée établie, mérite également d’être approchée. On essaiera également de déterminer les enjeux du traditionnel dialogue entre poésie et/ou littérature, peinture et musique (styles relatifs au rap, hip-hop et dance hall, pratiqués par des poètes émergents) tel qu’ils se jouent a travers les oeuvres des auteurs contemporains. Un coup de projecteur sur les dessins humoristiques du poète Georges Castera s’avère donc nécessaire.

3. Thématiques liées aux choix et questions de langue, questions de langage

Cet axe interrogera les notions de “bilinguisme d’autonomisation” pratiqué par certains poètes (Georges Castera fils, par exemple) et le “bilinguisme hybride” pratiqué par d’autres (Frankétienne, par exemple). On peut évaluer le traitement de certains thèmes ou sujets, de l’abstrait et du concret, selon que l’on passe d’une langue à l’autre dans les écrits d’un même auteur; examiner l’inscription de la culture ou du chant populaire dans le chant/champ poétique et interroger le degré de son expression, d’un poète à l’autre.

4. Modes d’édition et de diffusion, réception et jeux d’influence

Cet axe porte à interroger les aléas éditoriaux, les notions de compte d’éditeur et compte d’auteur, les possibilités et conditions de diffusion du texte poétique (journaux, revues, cassettes, disques) pour le poète confronté à un “marché du livre” informel. On s’intéressera aux textes de poètes mis en chanson ou en musique, aux lieux de rencontres où les poèmes sont dits ou mis en espace, aux expériences d’écritures collectives, aux émissions de radio, aux différents statuts des lecteurs et auditeurs dont certains deviendront poètes à leur tour. Les questions de l’enseignement de la poésie haïtienne et caribéenne dans les écoles et universités (nationales et étrangères), des influences des textes au-delà des frontières se posent aussi ici. On étudiera l’interrelation intense qui s’établit souvent entre poètes, peintres et dessinateurs : un coup de projecteur sur les dessins de Georges Castera fils s’avère donc nécessaire.

5. Discours théorique et critique

Cet axe invite à faire l’état des lieux de la production théorique et critique sur la poésie haïtienne (articles littéraires, notes de lecture, essais), à débattre de l’existence ou de l’insuffisance de discours conceptuels autour des écrits poétiques. On peut se poser la question de l’urgence et des difficultés à enrichir le champ de l’herméneutique (l’art de lire, d’interpréter les textes) dans le cas précis de la poésie haïtienne.